Un homme mutique croupit dans une geôle depuis des années. Une jeune avocate (Rani Mukherjee, image 3 – qu’est-ce qu’elle est bêêêêlle) vient lui rendre visite, et parvient à le faire parler : il est indien, s’appelle Veer, et il y a bien longtemps, il est tombé amoureux lors d’un sauvetage en hélico (question) d’une Pakistanaise nommée Zaara. Construit dans un emboîtement permanent des temporalités (qui autorise d’ailleurs de superbes idées de mise en scène), Veer-Zaara est donc, comme son titre réunissant les deux protagonistes l’indique, une histoire d’amour romanesque "à l’indienne", c'est-à-dire tourmentée : les deux amoureux entreverront en effet le bonheur avant d’être rattrapé par la réalité de leurs conditions respectives. Là où Veer-Zaara surprend, c’est que les deux beaux amants n’auront jamais l’occasion de vivre leur histoire ailleurs que dans leurs souvenirs et dans leurs cœurs : pour défendre Zaara, Veer se sacrifie en effet et passera sa vie entière dans une prison. C’est donc d’amour intégral autant que d’honneur dont parle Veer-Zaara, un film lyrique et cruel d’une envergure rare, qui brasse également des considérations géopolitiques (la rivalité indo-pakistanaise – image 2) ou sociales (l’injustice des castes ou la place de la femme). Mouvements de grue phénoménaux, chorégraphies démesurées, déferlement des couleurs, discours humaniste à la sincérité désarmante, il n’y a plus guère que le cinéma indien pour oser des films d’une telle amplitude narrative ou visuelle, et pour autant totalement dépourvus de cynisme ou de second degré. Avec une conception très spectaculaire de l’art cinématographique, Yash Chopra ne recule devant aucun excès et Veer-Zaara est un film qui regorge de cinéma, jusqu’à satiété. Car si l’écœurement peut parfois, au détour d’une production Bollywood, guetter le spectateur peu habitué à ce type de surenchère chromatique ou émotionnelle, parions que ce ne sera pas le cas avec Veer-Zaara : on y trouve bien des ralentis sur des personnages à contre-jour dans des décors paradisiaques, ou un monologue final grandiloquent sur l’amour, le pardon et la réconciliation, mais ceux-ci ne prêtent jamais à sourire tant ils paraissent au service de l’intrigue, tant ils participent au souffle épique d’une œuvre remarquablement équilibrée dans sa démesure. Et quitte à prendre des enchères, parions également que vos glandes lacrymales seront mises à rude épreuve par ce mélodrame flamboyant, splendide et renversant.
Quelques images suffisent à ébahir nos yeux convaincus : nous sommes bien chez Hayao Miyazaki, le plus prodigieux cinéaste d’animation contemporain. Il ne faut en effet que quelques secondes au maître japonais pour installer son univers écolo-poético-enfantin et ainsi susciter chez son spectateur ce sentiment d’émerveillement propre à sa filmographie pour l’instant exemplaire : un petit garçon aux grands yeux découvre un jour une petite fille poisson rouge coincée dans un pot de confiture et l’adopte. Mais tandis que Ponyo se rêve en petite fille humaine, son père, un puissant sorcier des mers, la cherche éperdument : le déséquilibre provoqué par son absence risque de déchaîner les éléments. Fable d’amitié entre un petit garçon et un poisson rouge, Ponyo sur la falaise s’inscrit dans la filmographie de Hayao Miyazaki bien moins dans la lignée des œuvres complexes (le foisonnant Voyage de Chihiro ou le tumultueux Château ambulant) l’ayant précédé ces dernières années que dans la veine, naïve et épurée, des plus anciens Mon voisin Totoro ou Kiki la petite sorcière – le style graphique du film, plus sommaire que celui de son prédécesseur, vient d’ailleurs le confirmer. L’essentiel, ici, n’est donc ni la densité des enjeux dramatiques ni la complexité du propos mais l’évocation, douce et enjouée, d’un univers enfantin et onirique où la force spontanée de l’imaginaire renverse tous les obstacles, et où la vérité jaillit, sublime et pure, de la simplicité : on pense notamment à cet instant de grâce absolu où Ponyo, devenue petite fille, découvre le plaisir de manger de la soupe. Par ailleurs, on aime particulièrement le fait qu’il n’y ait pas de « méchants » monolithiques dans les films d’Hayao Miyazaki, chacun, même les plus inquiétants, révélant in fine une âme et des motivations compréhensibles (c’est ici joliment le cas du père de Ponyo, Fujimoto). Alors oui, les plus rationnels des spectateurs adultes soulèveront quelques faiblesses thématiques, quelques raccourcis narratifs ou quelques queues de poisson (…) scénaristiques, mais qui a déjà prêté une oreille aux « on dirait qu’on… » de jeunes enfants retrouvera ici une sorte d’équivalent à ce foisonnement désordonné mais merveilleux de l’imaginaire. En fait, en quelque sorte, le génie de Hayao Miyazaki ne réside pas tant dans son aptitude à faire des films pour enfants que dans sa façon de restituer, poétiquement, l’essence même de l’enfance.
Max, un inspecteur de police impassible et solitaire, enquête sur une bande de malfrats qu’il ne parvient toujours pas à coincer. Il en vient à user d’un stratagème pour les piéger : il décide de les infiltrer en se faisant passer pour un riche banquier désœuvré qui cherche à organiser le cambriolage d’une banque. Il espère ainsi les arrêter en flagrant délit. Max fait alors la connaissance de Lily, une belle prostituée proche de cette bande de voleurs plutôt insignifiants. La relation entre le flic et la putain sera-t-elle de nature à enrayer une machine aussi bien huilée ? On a tendance à oublier que Claude Sauter a débuté sa carrière de réalisateur avec des films policiers assez remarquables comme "Classes tous risques" et "L’Arme à gauche". Car dès la sortie des "Choses de la vie" en 1969 et jusqu’à "Garçon !" en 1983, ses œuvres futures portant un regard doux-amer sur la société française, entre film social et comédie dramatique désenchantée, le cinéma de Sautet est rapidement - et plutôt mal - catalogué. "Max et les ferrailleurs" est justement le film qui unit ses deux tendances et restera comme l’un des sommets de sa filmographie. Quelque part entre Jean-Pierre Melville et Jacques Becker, Sautet réalise une œuvre sombre et douloureuse (qui anticipe un peu ce qui adviendra de sa dernière partie de carrière), un véritable film noir qui investit cette fois un milieu interlope peu fréquentable dans les quartiers mal famés de la capitale. Riche de ce regard aiguisé et plein d’empathie qui le caractérise, le cinéaste décrit un couple plus improbable que jamais mais qui vibre d’une bouleversante humanité, alors qu’un sombre destin frappe à leur porte. Fidèle à ses comédiens, Sautet offre des personnages bouleversants à interpréter à un Michel Piccoli, impeccable dans un double rôle, et à une Romy Schneider qui n’a peut-être jamais été aussi belle, grave et rayonnante que dans cette production incontournable des années 1970. Autour de ce duo qui vient rejoindre les couples mythiques du cinéma français, le formidable directeurs d’acteurs que fut Sautet a réuni une belle brochette de comédiens : Bernard Fresson, Georges Wilson, Philippe Léotard, François Périer, Michel Creton et Bobby Lapointe.
Conserver un peu de son âme d'enfant permet souvent de se replonger à satiété dans des mondes merveilleux, terrifiants et ingénus à la fois. Même si le personnage de Tarzan est l'un des plus traités dans l'histoire du cinéma, il peut paraître aujourd'hui incongru d'y faire à nouveau référence alors que nous sommes constamment baignés de superproductions technologiques aux effets spéciaux toujours plus révolutionnaires. D'autant que la série de films la plus connue, celle mettant en scène l'ancien champion olympique de natation Johnny Weissmuller, avec son esprit colonialiste de l'époque et ses effets de style bien naïfs, nous semble complètement désuète. Pourtant il s'agit bien d'aventures au sens noble, d'entreprises primitives qui manifestaient une certaine audace dans leur caractère régressif et libératoire. On peut toujours s'en moquer mais, de 1934 à 1942, les six films réunissant Johnny Weissmuller et Maureen O 'Sullivan constituaient des petites perles cinématographiques dans lesquelles on prenait du plaisir à flâner, entre ces jungles luxuriantes et mystérieuses vectrices de grand danger (ah ces porteurs africains qui tombaient comme des mouches...) et la présence d'animaux sauvages qui promettait des combats à mains nues spectaculaires avec notre héros en short déchiré. Ensuite hélas, Tarzan/Weissmuller ira se perdre dans des productions de second ordre totalement farfelues, avec un esprit "serial" de plus en plus kitsch et grotesque, peuplées d'Amazones, de femmes-léopards ou de sirènes... Mais pour revenir à la grande époque, et surtout en cette année 1934, date de ce "Tarzan et sa compagne" (le 2ème film de cette série, réalisé entre autres par Cédric Gibbons, le fameux directeur artistique de la MGM), il faut savoir que le Code Hays venait hélas de faire son apparition (il durera jusqu'en 1966), cette censure affligeante qui va modifier en profondeur les comportements des studios. Heureusement "Tarzan et sa compagne" y échappera de peu ! Et nous pouvons ainsi apprécier les formes généreuses de Maureen O 'Sullivan dans ce film d'aventures exotiques qui n'oublie pas de faire preuve d'un érotisme candide et bienvenu. On n'est pas près d'oublier les belles scènes dans lesquelles la belle Maureen (la maman de Mia Farrow) nage toute nue dans la rivière en compagnie de son bel éphèbe. Eh oui, pourquoi n'y aurait-il que Cheeta qui aurait le droit de se rincer l'œil ?
Après Conan le barbare, Kull le conquérant ou Sonia la rousse -c'était elle l'héroïne du film Kalidor avant que l'apparition de Swcharzy ne la relègue au second plan-, Solomon Kane est le 4ème personnage créé par le romancier Robert E.Howard à voir le jour sur grand écran. Il est étonnant que ce personnage n'ait pas bénéficié d'une adaptation plus tôt au cinéma parce que le mélange époque médiéval/univers lovecraftien est assez cinégénique. C'est sous une production franco-anglo-tchèque (sic !) que le projet voit le jour, le budget n'étant pas équivalent à celui d'une production américaine pour ce genre de projet, on est en droit de s'attendre à un gros nanar dans la veine d'un Vercingétorix de triste memoire. Que nenni, la réalisation de Michael J.Basset est soignée, les décors sont bien exploités et les effets spéciaux sont d'excellentes factures. Evidemment vu que le budget passe entièrement dans la réalisation du film, il ne reste plus assez pour recruter une star de film d'action, la production se tourne vers le petit écran et c'est le bon James -Rome- Purefoy qui se retrouve dans le rôle du violent corsaire repenti Solomon Kane. Il est assez rare que ce genre de petit film "fantastique" soit réussi, celui-ci l'est et il mérite de sortir de l'anonymat dans lequel il est passé au cinéma, alors laissez-vous tenter !
Une session des Glanches ne peut pas être aboutie sans un film de Stallone pour Roy, un blaxpoitation pour Rocka, un Ealing pour Ed, un film d'auteur français qui fait dormir en moins de 10 minutes pour Xavier ou un Van Damme pour moi ! Plutôt que de vous sortir un film d'action, je préfère mettre en avant le seul film complétement décalé qu'il ai tourné (non, ce n'est pas Piège à Hong-Kong !).
Van Damme n'est pas le con que les médias essayent de nous faire croire en passant en boucle des petits bouts d'interviews entièrement sortis de leur contexte. Van Damme, abruti ? Non, mais décalé oui, sans aucun doute et plus "aware" que la moyenne aussi, il a une façon de voir les choses qui n'est pas comme celle de la majorité des gens -trop heureux de se moquer de quelqu'un de célèbre qui parait plus idiot qu'eux- et alors ??? Comment exliquer sa longévité s'il est si bête que ça ? Même si ses derniers films ne sortent plus au cinéma, ils font toujours un carton quand ils sortent à la vente et puis pourquoi Tsui Hark, Ringo Lam, Sheldon Lettich ou Peter Hyams ont-ils tournés avec lui... deux fois ! Bon par contre, on sent bien que c'est un homme qui n'assume toujours pas le succés qu'il eu de part le monde, un succés aussi fulgurant qu'inattendu, lui qui vient du fin fond de sa petite Belgique et qui devient une "Movie Star" de films d'action américain à trente ans à peine alors qu'il sait à peine parler anglais. Si je parle de lui plutôt que du film, c'est tout simplement parce que c'est lui le sujet du film. Le réalisateur Mabrouk El Mechri s'inspire du personnage public, de quelques bribes de sa vie privée et de l'image que la majorité des gens ont de lui pour nous conter une histoire qui oscille entre le biopic et la comédie dramatique, le résultat est, comme l'acteur principal, complètement décalé donc, mais il est aussi relativement touchant à l'image de cette scène ou JCVD parle face caméra de son parcours en dents de scie -son succès, ses dérapages télévisés, la drogue, etc...-, Jean-Claude Van Damme laisse tomber sa carapace de star internationale et redevient Jean-Claude Van Varenberg, un homme simple et émouvant.
Le film a agit comme une thérapie sur son acteur principal, il n'y a qu'à voir le nombre de publicités dans lesquelles Van Damme apparait où il fait preuve d'un second degré à toutes épreuves (allez voir sur le net celle pour Gilette) et il n'y a plus qu'à lui souhaiter un gros succès cinématographique -dans Expandables 2 par exemple ?- et son "full circle" pourra se terminer en beauté.
Je voulais déjà proposer ce film lors de notre précédente session (vous vous en souvenez sans doute, je parle de la magnifique 26e session !!), malheureusement notre volonté de ne proposer que de l'inédit m'en avait empêché, je profite donc de cette nouvelle chance pour vous faire redécouvrir ce bijou de finesse espagnol. Enorme carton dans son pays, ce qui a provoqué 3 suites (dont la dernière en 3D m'ont dit nos joueurs espangols), La France n'aura eu droit qu'au premier malheureusement.
A ma grande surprise le film est un des plus trouvé de la semaine, à croire que cette jeune fille s’exerçant au Nunchaku au bord de la piscine en a marqué plus d'un. Preuve également que si ce film est assez mal vu, beaucoup de gens l'ont vu, pour ma part je crois que j'ai eu la chance de le découvrir en dvd, en effet les expérimentations de montage de Tony Scott devaient effectivement donner un sacré mal de tête en salle (d'où les jugements sans doute). Parfaitement adapté à ma tv, j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder ce film totalement barré, porté par un casting remarquable et un Tony Scott en pleine forme (il n'a plus fait mieux depuis).
En plus d'être une comédie ultra-pêchue, un After Hours frenchy et déjanté qui se permet une belle liberté dans sa narration et esquinte à peu près tout ce qui passe à sa portée (dont Emma Bovary - question - ou, surtout, les fans de foot !), il se trouve que Grégoire Moulin contre l'humanité avait au moment de son écriture profité, entre autre, des services scénaristiques de Jean... Proposer cette comédie au frcd, c'était donc autant mettre en avant un film français frais et sympatoche qu'une manière de lui faire un clin d'oeil...