Semaine 9

Les Glanches trouvent l'ouverture

Q1.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
La vie, l'amour... les vaches (City Slickers) imdb
de Ron Underwood (1991)


Gros carton au box office US au début des années 90, ce film est sorti dans la quasi-ignorance dans notre belle contrée, la traduction du titre original par La vie, l'amour... les vaches et l'affiche pas du tout représentative du sujet en sont surement les causes principales. Alors, beaucoup de personnes ont pû rattraper ce loupé au détour d'un rayon de leur vidéo-club à la sortie locative du film, oui, vous savez les cassetes vidéos, ce gros truc en plastoc du 20ème siècle ! Néanmoins pour ceux qui ne l'auraient pas vu, je conseille fortement la vision de ce petit bijou de comédie d'aventures. Car même après (presque) vingt ans le sujet reste toujours d'actualité : un trio de trentenaire en pleine questions existentielles -ils arrivent sur leur quarantaine- décident, pour se changer les idées, de s'offrir une traversée dans l'ouest sauvage à chevaux en escortant un troupeau de vaches tout comme le faisaient les cow-boys au 19ème siècle. Le film est donc emprunt de cette nostalgie de la jeunesse révolue et du passage à cette decénnie transitoire qui nous améne vers la vieillesse -incarnée ici par Jack Palance-, mais tout rentre dans l'ordre puisqu'on sort du film regonflé à bloc -comme les héros du film- et le sourire aux lèvres. Ron Underwood nous offfe sa meilleure réalisation, Billy Crystal est au sommet puisqu'il sort du succés de Quand Harry rencontre Sally et Jack Palance s'occtroie l'Oscar du meilleur second rôle masculin, on aura même droit à une, sympathique mais pas mémorable, suite avec L'or de Curly. Petite anecdote, Jake Gyllenhaal, agé de 11 ans, y teint son premier rôle.

L'étranger

Q2.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Rêve de champion (The Rookie) imdb
de John Lee Hancock (2002)


Jim Morris est un joueur de base-ball qui n'a fait qu'une courte carrière de professionel car une blessure à l'épaule l'a contraint à abandonner son rêve, résigné, il devient l'entraineur d'une petit équipe de gamins dans un bled paumé des USA mais lorsque sa petite équipe se retrouve qualifiée pour la première division et pour honorer un pari, il retente sa chance chez les professionnels, l'humiliation -attendue- de son age et de son retour tardif ne sera pas au rendez-vous.
Tout comme City Slickers (ci-dessus) le film aborde le thème de la vieillesse chez l'homme, en l'occurence chez un sportif. Basée sur une histoire vraie, cette production Disney n'est pas exempts de bons sentiments mais le réalisateur ne perd pas de vue le réalité de la situation puisque le parcours de cet homme qui s'offre une seconde chance inespérée reste semé d'embuches, pas des trucs invraisemblables comme l'attaque d'un terroriste, non, mais comment va-t'il gérer les enfants alors que sa femme est au boulot ou plus simplement les doutes qu'un homme se posent et qui bien (trop ?) souvent le pousse à renoncer à ses rêves. Dennis Quaid est parfait pour incarner cet homme ordinaire au destin extraordinaire. Et pour finir, je reste persuadé que les américains détiennent la formule magique pour réaliser LE film de sport -un genre en soit- parfait, qu'il soir sur la boxe, le foot US, le golf, le basket, le curling ou autre, la preuve je ne connais toujours pas les règles du base-ball mais je ne peux m'empêcher d'avoir les frissons dès que je vois la façon dont sont filmés les matchs. Un film sur le sport mais pas seulement que je vous conseille vivement de découvrir.

L'étranger

Q3.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Les oies sauvages (The Wild Geese) imdb
de Andrew V. McLaglen (1978)


Comme tout le monde le sait, Andrew V. McLaglen est un réalisateur assez médiocre, mais ce film est très certainement sa plus belle réussite, il se contente de reprendre les recettes qui ont fait le succès des douze salopards de Robert Aldrich pour les réinjecter dans une histoire plus moderne : Un groupe de mercenaires, réuni par de riches industriels, est formé pour libérer un chef d'état africain, capturé après un coup d'état, pour que celui-ci préserve les accords qu'il avait passé avec eux. La réussite de ce film tient à plusieurs ingédients savamment orchestrés, tout d'abord un bon casting, entre la classe de Burt Lancaster, le flegme "so british" de Richard Harris, l'humour de Roger Moore et une pléïade de seconds rôles bien choisis l'alchimie fonctionne parfaitement. Ensuite le film n'hésite pas a nous promener entre le brouillard londonnien et la chaleur étouffante de l'afrique, le dépaysement est au rendez-vous, sans oublié une touche contre le racisme et sur l'égalité des peuples. Et puis comme je l'ai déjà dit car le film est largement inspiré du film de Aldrich, rien n'est laissé au hasard, du recrutement des mercenaires à leur entrainement, de la préparation à l'execution de l'opération et enfin leur abandon en pleine savane alors qu'ils se retrouvent pourchassés par toute l'armée rebelle. Un solide film de commando qui se laisse voir et revoir sans déplaisir.

L'étranger

Q4.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Il était une fois la légion (March or Die) imdb
de Dick Richards (1977)


Terence Hill, Ian Holm, Rufus, Gene Hackman, Catherine Deneuve, Max Von Sydow... en voilà un casting qui a de la gueule ! Et le film lui-même avait tout pour être un grand film d'aventures : une unité de légionnaires doit protéger des archéologues lors d'une fouille en plein désert marocain alors que la révolte du peuple gronde. Un sujet en or pour renouer avec les grands films des années 40/50. Mais la mayonnaise ne prend pas entièrement, le petit grain de sable qui empèche ce film d'être une grande épopée vient du producteur et scénariste du film, Dick Richards, qui -comme sur sa précédente production The Culpepper Cattle Co (La poussière, la sueur et la poudre), un bon western- se propulse réalisateur et il n'arrive que rarement à faire soufflé le vent épique qui aurait dû être présent tout au long du métrage. Néanmoins le film se laisse voir sans déplaisir et il a même réussi à marquer au fer rouge mon esprit de jeune adolescent, notamment avec le sympathique Terence Hill qui sortait épisodiquement du "spaghetti" pour cotoyer des acteurs venant du monde entier et aussi pour cette bataille finale qui ne manque pas de panache. Pour la petite histoire, Jean-Claude Van Damme a dû être très marqué par ce film, tout comme moi donc, puisqu'il s'en inspire largement dans son Légionnaire de 1998, tout s'explique...

L'étranger

Q5.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Une affaire de goût (Une affaire de goût)
de Bernard rapp (2000)

Un riche industriel, Frédéric Delamont, rencontre un jour dans un restaurant un jeune serveur, Nicolas Rivière, à qui il propose de devenir son goûteur particulier. Séduit par le salaire mirobolant qui lui est proposé, mais également inconsciemment intrigué par le singulier charisme de Delamont, Rivière accepte le rôle et laisse ainsi, sans le savoir, son nouveau patron s’insinuer dangereusement dans sa vie. D’apparence modeste, "Une affaire de goût" est une œuvre en permanence suspendue au fil, trouble et inquiétant, que l’araignée Delamont tisse autour de Rivière (ou est-ce le contraire ?…). Le roman de Philippe Balland, d’ailleurs nommé Affaires de goût, obéissait à une certaine linéarité, dans un crescendo de tension dont les dernières pages représentaient l’apogée. Pour leur adaptation, le regretté Bernad Rapp (qui signe ici, et de loin, son meilleur film) et son co-scénariste Gilles Taurand décident de déconstruire le récit pour recentrer l'intrigue sur la relation Delamont / Rivière, la question criminelle (par recoupement d’informations, on comprend très vite ce qu’il s’est passé) étant supplantée par celle du « pourquoi ? ». "Une affaire de goût" repose ainsi entièrement sur l’opacité des psychologies des deux protagonistes principaux, et, avec une grande subtilité d’écriture, le film parvient à les redéfinir à chaque séquence, en les extrayant des cases où l’on aurait trop vite envie de les ranger, en brouillant constamment leurs motivations et leur rapport de force ; avec leurs apparentes contradictions et leur permanente insaisissabilité, "Une affaire de goût" parvient ainsi à captiver par la seule force de leur mystère. En particulier, on comprend tout à fait la fascination magnétique que peut exercer Delamont sur Rivière, tant Bernard Giraudeau confère à son personnage une infinie palette de variations, entre raffinement et démence, entre séduction et danger... Son simple sourire, lors de sa dernière apparition, achève d’inscrire son personnage dans la mémoire du spectateur, en ouvrant les perspectives dramatiques, en proposant de nouvelles pistes pour appréhender l’inexpliqué (développer reviendrait à trop en dire, mais, par exemple, l'hypothèse d'un engrenage démiurgique suicidaire n'est pas à exclure). Surtout, "Une affaire de goût" transpire l’intelligence du genre, en distillant ses informations au compte-goutte, en usant parcimonieusement d’un symbolisme subtil, ou en utilisant sa mise en scène comme un vecteur discret de son entêtant charme (le découpage de certaines séquences est d’une précision machiavélique). Vous l’aurez compris, nous ne saurons trop recommander ce film élégant et malin, à n’en pas douter l’une des plus remarquables réussites de « thriller psychologique » à la française.

ed crane

Q6.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
La Poison (La Poison)
de Sacha Guitry (1951)

Ceux qui croient que Guitry ne fait que du théâtre filmé (comme moi avant d'en voir) devraient jeter un oeil à la dernière partie de la carrière du cinéaste, qui recueille un certain nombre de bijoux noirs, dont cette magnifique Poison. Dans le générique de début (question), l'ombre du maître venait féliciter ses techniciens, mais c'est à sa plume acerbe et géniale (dernier son) que j'ai envie de dire merci. Tiens, un lien vers la chronique sur DVDClassik où je clame tout mon amour du film

ed crane

Q7.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Across the universe (Across the universe)
de Julie Taymor (2007)

La première réussite du film tient au parti-pris futé consistant à éviter l’accumulation des standards les plus usés pour se concentrer, à quelques exceptions près, sur des morceaux moins connus issus des quatre derniers albums du groupe, un peu moins formatés au son généralement attribué à la caricature du groupe. Les spécialistes seront comblés, tant il s’agit créativement de la période la plus inspirée du groupe, tandis que les profanes pourraient être surpris d’y découvrir quelques pépites (mêmes si les instrumentations sont inégales). Deuxièmement, le film offre une espèce de jeu de piste consistant à deviner non seulement quelle sera la chanson suivante (avec des ellipses : un personnage sensuel s’appelle Sadie sans que Sexy Sadie ne soit jouée) mais aussi avec quelle signification : en effet, Across the universe restitue l’esprit de la fin des années 60 aux Etats-Unis et en Angleterre, tant socialement que politiquement et les chansons des Beatles sont donc utilisées comme des instantanés dans le parcours des personnages. L’exemple I want you (She’s so heavy) est emblématique : ce morceau entêtant de l'album Abbey Road dont le sens demeure abscons renvoie ici à l’aliénante politique d’enrôlement forcé des jeunes américains dans le conflit vietnamien ; ce faisant, la chanson, déjà remarquable, enrichit sa force mélodique d’une résonance sociale comme émotionnelle. Engagement politique, flower-power, amours changeantes, dépendance à la drogue, fougue libertaire et désenchantement social, tous les ingrédients des sixties sont brassés dans un film à la narration décousue (donc hétérogène) mais maîtrisée, marqué par une forme de naïveté touchante. Mais si nous recommandons aussi chaudement Across the universe à tous, y compris ceux que les chansons des Beatles laissent froids (les pauvres), c’est surtout parce que le film est une splendeur, un enchantement, surprise qui n’en est pas une avec le nom de Julie Taymor à la réalisation. La carrière de la réalisatrice s’était jusqu’alors partagée entre les plateaux de cinéma (un impressionnant Titus, un renversant Frida) et les planches de Broadway (une adaptation scénique du Roi Lion), révélant dans chacun de ses travaux une indéniable ambition formelle. Point de convergence de ses intérêts cinématographiques et musicaux, Across the universe confirme cette caractéristique, ce sens de la prise de risques esthétique qui rend son travail si étonnant et si attachant. Tout sauf formellement fade, Across the universe est un film du genre « ça passe ou ça casse », qui pourra combler, dérouter ou même agacer. Personnellement, l’exigence et l’audace salutaires dont fait preuve la réalisatrice nous invitent à passer outre les séquences les moins inspirées (il y en a, indéniablement), pour exprimer avec enthousiasme et véhémence un véritable émoi face à d’autres, absolument magiques : des élans psychés d’I’ve just seen a face ou de I am the walrus à la gravité obsédante de Strawberry Fields Forever ou d’I want you, en passant par l’enchaînement surréalistico-poético-loufoque de For the benefit of Mister Kite et de Because (peut-être le meilleur moment du film), on ne compte plus les fulgurances d’une cinéaste aussi habile dans la composition picturale de ses plans que dans sa captation subtile du mouvement, de l’esprit d’une époque. Tout en ayant conscience qu’il serait exagéré de prétendre qu’Across the universe est un film génial, la jubilation éprouvée à sa vision m'invite à lâcher le mot. Et tant pis pour ceux qui y bouderont leur plaisir, mais tant mieux, surtout, pour ceux qui y éprouveront une joie similaire à la mienne.

ed crane

Q8.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Ni pour ni contre (bien au contraire) (Ni pour ni contre (bien au contraire)) imdb
de Cédric Klapisch (2002)


Cédric Klapisch là où l'on ne l'attend pas, un film de casse, genre qui plus est totalement abandonné en france. C'est une double surprise, et à la vision du film on peut dire que c'est une très bonne surprise. Porté par un casting haut en couleur (Vincent Elbaz, Simon Abkarian, Zinedine Zoualem, Marie Gillain) le film s'amuse à nous dresser de le portrait d'une bande de cambrioleurs qui décident de faire un dernier coup. Le film n'échappe pas aux clichés mais sait les manier avec efficacité, faisant passer un excellent moment au spectateur c'est déjà une bonne chose.

Rocka

Q9.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
8 mm (8 mm) imdb
de Joel Schumacher (1999)


Film décrié s'il en est, 8mm est pour moi un des meilleurs Schumacher (je vous entends au fond dire que ce n'est pas dur, et difficile de vous donner tort), ceux ci se limitent à deux trois titres il est vrai (Chute Libre, Tigerland). Je conçois bien que ce n'est pas le film du siècle, mais il y a quelques moments qui m'ont glacé le sang. Lente descente aux enfers d'un Nicolas Cage aidé d'un jeune Joaquim Phoenix, 8mm s'avère une froide réussite.

Rocka

Q10.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Treize jours (Thirteen Days) imdb
de Roger Donaldson (2000)


Il arrive parfois à quelques réalisateurs de se hisser au-dessus de leur savoir-faire habituel, réel mais limité. Et ce phénomène est souvent dû à la possibilité de travailler sur un scénario de grande qualité. C'est exactement ce qui s'est produit avec Roger Donaldson sur "Treize jours". L'honnête metteur en scène australien du "Bounty" ou de "Sens unique" a bénéficié ici d'un script en béton et d'acteurs de premier ordre (des plus petits aux plus grands rôles) pour raconter en images le fameux épisode de la crise des missiles à Cuba en octobre 1962. Si plusieurs séquences se déroulent en extérieurs pour embrasser l'ensemble des détails de ce fait historique, c'est surtout dans l'enceinte de la Maison Blanche que se situe l'action de ce film qui montre les hauts gradés militaires et les responsables politiques américains s'affronter sur la conduite à mener face à cette crise qui a failli déclencher une 3ème Guerre mondiale, nucléaire qui plus est. Dans un quasi huis clos au sommet de l'Etat, on assiste ainsi aux débats houleux et aux prises de décision d'un trio exceptionnel formé par le président John F. Kennedy (excellent Bruce Greenwood), son frère Robert Kennedy (Steven Culp, tout aussi impressionnant), ministre de la Justice, et le conseiller spécial Kenneth O'Donnell (un Kevin Costner tout en sobriété à l'arrière-plan, mais toujours assuré de son charisme). "Treize jours" se révèle ainsi comme un solide film politique et un spectacle haletant, aux longues scènes dialoguées mais excellemment découpées, et offrant de formidables portraits croisés ainsi qu'une description réaliste des arcanes de la politique américaine et de son fonctionnement en temps de crise. C'est aussi un film qui défend habilement quelques grandes valeurs démocratiques, donnant la priorité à la réflexion et à l'intelligence des élus, face aux principes va-t-en-guerres des militaires et aux manipulations ourdies par des politiciens avides de pouvoir. Et ce même si le fonctionnement clanique des Kennedy et de leurs assistants au sein de l'administration des USA pose par ailleurs des problèmes déontologiques de premier plan.

Roy Neary

Q11.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Triangle (Triangle) imdb
de Christopher Smith (2009)


La légendaire organisation des Glanches a du bon parfois, en effet retenu par son travail sur la restauration en hyper haute définition 8.2 de Vercingetorix, Xav n'a pas été en mesure de présenter ses films cette semaine (imaginez vous à quoi vous avez échappé), et l'après midi même je venais de voir ce remarquable film en me désolant de ne pouvoir le proposer vu que le jeu touche à sa fin. Cette erreur est donc réparé, et le film de Christopher Smith, inédit chez nous mérite bien sa place dans notre session. Difficile de parler de parler de ce film sans en révéler trop, Triangle est une sorte de Jour sans fin fantastique, remarquablement filmé et joué, le film maintient sa tension du début à la fin sans laisser son spectateur sur le bord de la route. Distillant tout au long du métrage des indices, le film joue avec le spectateur mais reste toujours cohérent, une vraie réussite du genre par un metteur en scène définitivement à suivre.

Rocka

Q12.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Marqué par la haine (Somebody Up There Likes Me) imdb
de Robert Wise (1956)



Avant Rocky Balboa, il y eut Rocky Graziano, véritable boxeur et champion du monde des poids moyens à la fin des années 40. Justement dans le film réalisé par John G. Avildsen, le personnage mythique écrit et interprété par Sylvester Stallone avait affiché sur le miroir de sa chambre pouilleuse une photo du célèbre boxeur italo-américain, pouvant ainsi observer son reflet à côté de l'image de son idole, symbole de réussite de sa communauté. De même que le marché populaire à travers lequel déambule puis court Balboa dans le film de 1976 renvoie à celui, tout aussi grouillant de monde, de ce "Marqué par la haine" de 1956. Mais il est inutile de se référer davantage à "Rocky" pour apprécier à sa valeur cette production formidable. La vie de Rocky Graziano a donc fourni la trame de cette chronique sociale aux airs de film noir, un grand film signé qui plus est par Robert Wise, un cinéaste qui a toute sa place parmi les géants de Hollywood malgré sa renommée de simple technicien ultra-doué. Dès le début de "Marqué par la haine", son sens du découpage et du rythme saccadé, ainsi que sa gestion dynamique de l'espace urbain surgissent dès qu'entre en scène son personnage principal en courant dans les rues et sur les toits de New York (on se rappellera alors que Wise réalisera cinq ans plus tard "West Side Story", l'un de ses chefs-d'œuvre). Graziano est ce jeune voyou de Little Italy qui, après ses quelques coups foireux avec sa bande (où figure Sal Mineo après "Crime in the Streets" de Don Siegel et "La Fureur de vivre" de Nicholas Ray) et ses années de prison, se découvre un talent inespéré de boxeur ; et Robert Wise de filmer son ascension avec une fluidité et une énergie qui impressionnent toujours autant 50 ans après. "Marqué par la haine" est également, bien sûr un film essentiel pour la star montante Paul Newman qui s'investit totalement dans ce film de boxe devenu légendaire. Cette œuvre trépidante, à la fois belle et sombre, est aussi l'occasion d'admirer l'énergie d'un tout jeune Steve McQueen encore loin d'adopter son futur jeu en mode mineur et de laisser s'exprimer sa présence minérale.

Roy Neary