Semaine 3

Les Glanches vous prennent à contre pied
Date limite pour les 1ères propositions : Samedi 4 Décembre 17h Mise en ligne des indices 1 : Samedi 4 Décembre 18h Date limite pour les 2e propositions : Mardi 7 Décembre 17h Mise en ligne des indices 2 : Mardi 7 Décembre 18h
Attention, il s'agit d'une semaine synchronisee.

Q1.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Demain dès l'aube (Demain dès l'aube) imdb
de Denis Dercourt (2009)


Voici l’une des plus belles, sinon ma plus belle, découverte française de ces dernières années : l’histoire d’un pianiste virtuose, Mathieu (Question ; au clavier, Vincent Perez, à qui la maturité sied), qui va se retrouver embarqué par son petit frère dans des bivouacs rôlistes consacrés à l’époque napoléonienne. Il se laissera progressivement happer, au point de ne plus vraiment parvenir à distinguer la réalité de ce jeu… dangereux. Au-delà de son casting de gueules (Gerald Laroche ou Aurélien Recoing, image 3) ou de sa grande élégance formelle (certains joueurs ont proposé Barry Lyndon ou Les Duellistes en découvrant la première image !), Demain dès l’aube séduit par son mystère, cet agréable sentiment permanent d’insaisissabilité qu’il diffuse (le scénario, malin, ménageant bon nombre de zones d’ombres). Via les multiples prismes qui s’installent entre Mathieu et le monde, il devient progressivement un film éminemment mental, qui décrit l’instant d’une oscillation incertaine entre deux univers : une réalité, sur laquelle Mathieu n’a quasiment plus de prise et qui ne le motive plus, et un autre monde, ordonné, cohérent, où il devient enfin un brave, un acteur de sa propre existence. Lors d’une l’ahurissante séquence finale, Mathieu bascule enfin, révélant à l’occasion dans quelle mesure son propre parcours n’est qu’une répétition, en quelque sorte, de celui de son jeune frère, qui aura ici fait office de passeur vers l’ailleurs. Dans la dernière image, pour la première fois, les prismes s’effacent et le monde s’offre à eux, infini… C’est un film splendide, à découvrir absolument.
Pour info, Demain dès l'aube sur TVClassik

ed crane

Q2.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Cent mille dollars au soleil (Cent mille dollars au soleil) imdb
de Henri Verneuil (1964)

Le cinéma français des années 60 se distinguait par une richesse et un dynamisme qu'on attribue principalement - hélas - à l'avènement de la Nouvelle Vague. Pourtant on retrouvait souvent dans le cinéma appelé - abusivement - populaire ou de genre la même ambition et la même qualité d'exécution à défaut de révolutionner son domaine d'application. Le cinéma d'aventures à la française connut justement son apogée lors de cette décennie et ce "100 000 dollars au soleil", l'un des meilleurs films d'Henri Verneuil, constitue sans doute l'un de ses plus beaux fleurons. Scandé par le thème musical de Georges Delerue, cette production spectaculaire nous emmène dans une course poursuite dans le désert à la fois désopilante et enfiévrée. Le cinéaste, alors à son sommet et très méticuleux dans ses choix de mise en scène, déploie tout son savoir-faire, notamment dans les scènes d'action ; en termes de cadrage et de montage, la séquence mettant aux prises deux camions luttant à toute berzingue au bord d'un ravin a d'ailleurs peu à envier à ses homologues américains. Enfin, bien sûr, ce film extrêmement savoureux doit énormément à son "casting d'hommes" éblouissant qui remporte rapidement l'adhésion : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Bernard Blier et Reginald Kernan passent leur temps à déclamer des dialogues aux petits oignons écrits par l'indispensable Michel Audiard. Un régal !

Roy Neary

Q3.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Seul contre tous (Seul contre tous) imdb
de Gaspard Noé (1998)


Découvert à la Semaine de la Critique avec Carne (1991), Gaspard Noé déboule véritablement dans le paysage hexagonal avec "Seul contre tous", premier long d'une maîtrise exceptionnelle (1999). Formellement splendide, le film laisse la critique et le public pantois, qui ne savent comment appréhender ce héros frontiste et violent dont la logorrhée met indéniablement mal à l'aise. C'est d'ailleurs un des reproches qui revient souvent lorsque revient le nom de Noé : "brillant mais vain". Grief récurrent qu'il faut savoir dépasser : Noé est un formaliste, certes, et la noirceur de son propos est parfois schématique. Mais le cinéaste détonne tellement dans le paysage (seul contre tous ?) qu'il faut le soutenir. Et revoir ses films.

Xav

Q4.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Total Western (Total Western) imdb
de Eric Rochant (2000)


Si en sortant de la salle où je venais de voir Un monde sans pitié on m'avait dit que je verrais un jour du même réalisateur un film d'action flirtant sérieusement avec le bis voire le Z, je ne l'aurais bien évidemment pas cru. Se contentant d'un scénario des plus basiques, Rochant nous livre un film étonnant, renouant avec succès avec le cinéma populaire français des années 70/80 dans ce qu'il avait de meilleur. Perdu au milieu d'un centre de jeunes délinquants, Samuel Le Bihan livre une performance physique remarquable et tient largement la route devant les assauts de ses débiteurs. Comme dans un film d'exploitation, Rochant ne lésine pas sur les moyens pour jouer avec son public (Indice 2), utilisant magnifiquement les décors mis à sa disposition, il nous donne là une des rares réussites du genre en France.

L'étranger et Rocka

Q5.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Un prophète (Un prophète) imdb
de Jacques Audiard (2009)


Que dire sur le film de Jacques Audiard qui n'ait pas été dit, tant Un Prophète a aussi bien enflammé la critique que les spectateurs l'an passé. Du coup vous me direz pourquoi le présenter au FRCD qui a plutôt vocation a proposer des films moins connus, et bien on s'est dit, vu qu'en plus on était deux à avoir envie le proposer, que le film mérite encore que l'on parle de lui, pour saluer sa grande réussite. Un évènement suffisamment rare dans le cinéma français, qu'on ne pouvait manquer de le signaler. D'un grand réalisme, Un Prophète prouve que pour peu qu'on s'en donne les ambitions et les moyens, on peut rivaliser dans notre beau pays avec les américains.

L'étranger et Rocka

Q6.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Virgil (Virgil) imdb
de Mabrouk El-Mechri (2005)


Un premier film remarquable, sorti malheureusement dans une certaine indifférence, ce qui n'a pas empêché El Mechri de confirmer par la suite (JCVD et Maison Close sur C+ c'est lui aussi). Remarquablement bien filmé et interprété, nous raconte une histoire simple, une histoire de famille, entre paumés et loosers, mais sans le misérabilisme cher au cinéma français. Dernier film de Jean Pierre Cassel, il y est excellent comme ses compères, loin des clichés, Virgil nous fait passer un excellent moment.

Rocka

Q7.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Une affaire d'état (Une affaire d'état) imdb
de Eric Valette (2009)


4e film du réalisateur de l'excellent Maléfique, Une affaire d'état marque le retour en France d'Eric Valette après un passage aux USA guère productif (je n'ai pas vu Hybrid mais bon...), faisant oublier son maigre budget Valette nous pond un film politique comme on savait en faire dans les années 70. Porté par un casting sans faille, le film maintient son intérêt jusqu'au bout malgré une intrigue déjà vue, mais qui a le mérite de se tenir jusqu'au bout.

Rocka

Q8.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Un homme qui me plait (Un homme qui me plait) imdb
de Claude Lelouch (1969)


Deux Lelouch en une seule semaine ? Mais les Glanches sont devenus complétement timbrés ! Ca n'a d'ailleurs pas manqué : il y a carrément failli y avoir scission au sein de notre petite smala. Les quolibets ont fusé, et Roy et moi avons frisé l'anathème, voire l'exclusion. Mais je persiste et signe : Lelouch a signé deux bons films. "Il y a des jours et des lunes" (j'entends des rires au fond) et ce "Un homme qui me plait", film libre, solaire et "américain", à revoir de toute urgence (ou pas, si vous êtes vraiment allergiques).

Xav

Q9.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Le Corniaud (Le Corniaud) imdb
de Gérard Oury (1965)


Il est des films dont, à force de les avoir vus et revus, on oublierait presque à quel point ils sont formidables. Parmi ceux-ci, donc, Le Corniaud, qui marquait en 1965 la première association vedette, un an avant La Grande vadrouille, du grand naïf lunaire et du petit teigneux manipulateur. Tout le monde connaît la scène de leur rencontre, où la 2CV de Bourvil est percutée par la grosse berline de De Funès ; mais tâchez toutefois de la regarder, une fois, si cela est encore possible, avec un œil neuf : vous y serez saisis par l’efficacité implacable de la mécanique comique, dans le timing des répliques comme dans le travail corporel des deux acteurs. Le Corniaud est donc un chef-d’œuvre de comédiens, et je ne me lasserai en particulier jamais de cette séquence irrésistible durant laquelle le brave candide Bourvil embobine Venantino Venantini en jouant le caïd (Image 3). Film absolument linéaire dans son intrigue (en résumé : des diamants dans une voiture ; voir image 2 !) comme dans sa morale teintée d’un bon sens discret ou dans sa mise en scène idéalement fonctionnelle, toujours aussi plaisant une fois l’effet de surprise disparu, Le Corniaud est de ces rares films auxquels il ne faut rien enlever, modestement géniaux tels qu’ils sont. Un film évident, parfaitement évident.
Pour info : Le Corniaud sur TVClassik

ed crane

Q10.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Deux anglaises et le continent (Deux anglaises et le continent) imdb
de François Truffaut (1971)


Film choisi sur la seule foi de l'excellent souvenir que j'en ai. Vu à l'époque glorieuse de la rétro Truffaut sur Arte, à une époque où revoir des films du réalisateur des 400 coups était moins facile qu'aujourd'hui (DVD oblige), Deux anglaises et le continent fait partie des Truffaut qui m'ont laissé une trace indélébile, à l'instar du trop peu connu "La chambre verte". Grâce au FRCD et en faisant ces trois captures, je viens de me donner envie de le revoir. C'est déjà ça :)

Xav

Q11.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Blanc comme neige (Blanc comme neige) imdb
de Christophe Blanc (2010)


Il y a des films comme ça dont qu'on attend pas, on commence à les regarder du coin de l'oeil en espérant tout au plus que le scénario, la réalisation et un ou deux acteurs tiennent la route et en fait, on reste scotché devant jusqu'au générique final. Blanc comme neige est ce genre de film, l'histoire d'un type venant d'un milieu modeste à qui tout a réussi et dont la vie bascule dans les tréfonds de l'enfer. En lisant le pitch, on remarque qu'il n'y a rien d'innovant et en regardant le début du film, on a la même impression, réalisation classique, acteurs au diapason, sans compter l'histoire qui démarre gentiment. On s'identifie donc plus facilement aux personnages du film, à commencer par François Cluzet -cet acteur jouant à la perfection les monsieurs "tout-le-monde"- et c'est grace à ça que cette histoire tient la route, on suit les aventures de cet homme comme si c'était celle de notre voisin et plus les évenements avancent, plus on se retrouve emporté dans cette spirale infernale. On se fait posséder par ce casting sans faille, cette réalisation précise, pas trop voyante et cette histoire qu'on croirait tirée d'un fait divers au milieu d'un journal d'information. A découvrir d'urgence.

L'étranger

Q12.

  • Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
La Bonne année (La Bonne année) imdb
de Claude Lelouch (1973)

Il est de bon ton de railler aujourd'hui le cinéma de Claude Lelouch, et il faut avouer que le cinéaste lui-même donne souvent le bâton pour se faire battre en alignant ces dernières années une série de films plus ineptes et ridicules les uns que les autres (exception faite de son tout dernier, "Roman de gare", avec lequel il retrouve à la fois le polar et l'inspiration). Mais il faut se souvenir que Lelouch fut à une certaine époque, on dira pendant une quinzaine d'années, l'un des cinéastes français les plus originaux et captivants. Au sommet de sa période faste, on trouve "La Bonne année", formidable comédie policière au charme fou et d'une grande délicatesse dans l'étude des personnages. Lelouch, comme à son habitude, prend son temps, avance par des chemins tortueux (dans l'espace et le temps), évolue au sein de plusieurs genres différents qu'il enrichit et dynamite par un humour délicieux (et parfois auto parodique comme avec la projection de "Un homme et une femme" qui provoque une émeute en prison) et un sens du romanesque qui n'appartient qu'à lui. "La Bonne année" met en présence deux couples, chacun se destinant à illustrer les thèmes de l'amour et de l'amitié (grâce à l'impayable Charles Gérard) chers au réalisateur. Dans le rôle de Simon, Lino Ventura poursuit sa collaboration avec Lelouch entamée l'année précédente avec "L'Aventure, c'est l'aventure". Grâce à "La Bonne année", l'inoubliable Lino trouve peut-être son plus grand rôle, du moins celui où il apparaît dans toute sa complexité. Ventura reste toujours cet homme charismatique au verbe qui en impose, mais il dévoile également une fragilité, une sensibilité et une grandeur d'âme qui émeuvent au plus haut point. Face à lui, se tient la somptueuse et distinguée Françoise Fabian. Le duo qu'elle forme avec Lino Ventura fait partie des plus beaux couples de notre cinéma national. Film drôle et émouvant, parfois grave, "La Bonne année" allie l'esprit français et le charme des comédies romantiques américaines.

Roy Neary